Les coulisses du baccalauréat en Centrafrique

Article : Les coulisses du baccalauréat en Centrafrique
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5 octobre 2014

Les coulisses du baccalauréat en Centrafrique

Après plusieurs jours d’hésitation, j’ai finalement pris le courage d’écrire ce billet qui parle du déroulement tant bien que mal de l’examen du baccalauréat en Centrafrique précisément à Bangui la capitale (pour ceux qui ne le savent pas encore).

 Voici le récit d’un élève avec qui j’ai échangé juste à la fin de l’examen  dont je tairais le nom.

« C’était le 16 Septembre dernier au petit matin que je me suis rendu au Lycée Marie Jeanne Carron pour composer le bac. J’étais tout stressé, car ce diplôme compte beaucoup pour moi, il permet de m’ouvrir la porte d’entrer à l’université en cas de succès.

Tout a commencé vers 8h30 quand les surveillants nous ont distribué les sujets de philosophie. Quelques minutes plus tard, l’un des plus anciens de nous (candidats) en termes d’âge, s’est levé gaillardement pour aller échanger avec les surveillants qui nous lançaient des regards mélancoliques au début de l’épreuve. Bizarrement, à la suite de cette conversation avec les profs, il s’est retourné vers nous en disant : CHAPEAU. Etant novice en la matière, je me suis tourné à mon tour vers ma voisine pour lui demander la signification de « chapeau ». La fille un peu surprise me fait comprendre qu’il fallait contribuer pour les profs afin d’avoir l’autorisation de tricher en toute quiétude.

Le coup d’envoi de la triche est lancé selon ses termes émanant des instigateurs « surveillants » : « vous êtes libres, prenez le nécessaire, on va surveiller les membres du jury». Ils devaient nous surveiller, mais pas les membres du jury qui sont leurs chefs hiérarchiques. Les élèves font de vas et vient sans se gêner. comme si on était dans un marché.

Certains élèves en ont profité pour se servir de leurs téléphones High Tech pour bien tricher en surfant soit en envoyant les sujets à leurs proches afin qu’ils leur soient traités et renvoyés. Et pourtant, les sujets étaient très abordables dans l’ensemble.

La ministre de l’éducation s’est déplacé en personne pour faire le tour des centres d’examen. Malgré son effort d’assurer le bon fonctionnement du bac, elle a pu confisquer des téléphones haut de gamme à la suite d’une incursion dans un centre. Et ce, en présence de ces surveillants malintentionnés, corrompus et dépourvus de toute pédagogie qui ne méritent rien d’autre qu’une sanction de dernière rigueur (s’ils avaient étés dénoncés).

Tout porte à croire que les sujets du bac de cette année n’étaient pas si difficiles comme c’était il y’a trois ans par exemple. Cela peut s’expliquer par les conditions dans lesquelles les élèves avaient étudié (cours à dents de scie, manque ou longue absence des profs…).

 

Ce qui m’intrigue dans ce témoignage est le fait que beaucoup d’élèves encouragés par des soient disant professeurs, ne prennent pas du tout leur avenir au sérieux. Ils n’ont pas jugé mieux de bien étudier avant d’affronter le bac. Ils ne savent tout de même pas que la crédibilté des diplômes découle entre autres du bon déroulement des épreuves…Honte à eux car ils déshonorent leurs parents, établissement et même toute la nation.

Le bac de cette année est en phase de correction. J’interpelle donc, les autorités de transition, plus particulière le ministère de l’éducation nationale à rectifier cette bavure ignobles en durcissant le ton pour ne pas discréditer ce diplôme en Centrafrique…

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Commentaires

sambo
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ça,c'est la réalité de ce qui se passe au pays.

Odilon Doundembi
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Bien vu!