Centrafrique : retour sur une semaine de violences à Bangui

20 octobre 2014

Centrafrique : retour sur une semaine de violences à Bangui

 

 

Le jour et la nuit passent, mais la souffrance du peuple centrafricain  perdure pour ne pas affirmer qu’elle s’éternise. Depuis l’arrivée des soldats des Nations unies et la transformation de la MISCA en MINUSCA, on continue d’assister  à un fort taux de violence : du vol à mains armées, aux pillages, agression, destruction ou incendie de maisons et assassinats, la liste est longue pour décrire les dégâts qui sont commis malgré la présence des forces onusiennes en RCA.

Pendant que beaucoup de politicards centrafricains très assoiffés du pouvoir profitent de la mauvaise gestion du gouvernement de transition sanctionnée par l’affaire  du «don angolais », nombreux sont les dignes citoyens livrés à leur triste sort qui sont victimes des atrocités commises par des groupes armés.

En effet, la situation sécuritaire s’est encore empirée dans la capitale centrafricaine suite à la vindicte populaire subie par un présumé séléka qui aurait lancé de grenades blessant 24 personnes dans un quartier mouvementé de la place, le 7 Octobre dernier et s’en suivaient des représailles en série.

Force est de constater qu’en dépit de la présence des casques bleus à Bangui même si la plupart d’entre eux sont partis en « tourisme » en provinces, rien ne change dans le quotidien des centrafricains à par le taux de violence qui continue de exacerber. Ces soldats assistent parfois à la frénésie des bandits armés sur la population, soit ils se retirent purement et simplement quand ça chauffe à outrance de fougue au lieu d’intervenir ou de s’interposer.

Tel est le cas le 8 Octobre dernier, quand  les habitants de Km5 en marchant vers le siège de la MINUSCA, ont cassé et incendié des maisons, boutiques et tué des gens à leur passage. Ces violences auraient pu être évitées, du moins stoppées, si la MINUSCA respectait ou tentait de faire respecter les résolutions 21-29 et 21-47 du conseil de sécurité des Nations Unis sur la RCA. Notons qu’avant de s’y rendre, ces gens ont croisé le chemin de certains contingents de la MINUSCA et de la Sangaris sans obstacle. Les soldats ont pris seulement la peine de plier bagage et de reculer par crainte d’être agressés à leur tour.

Ces derniers ont laissé faire jusqu’à ce que la population avoisinante, armée de cailloux leur ont lancé des cris d’insulte. Face à ces événements dramatiques la MINUSCA qui vient de commencer sa mission perd d’embler la confiance des populations. Il aurait fallu que l’un des soldats Pakistanais tombe suite à une embuscade des bandits armés pour que la MISCA refasse surface en faisant survolés la ville par des hélicos en plus des soldats au sol.

Les banguissois sont pris en otage d’un côté par des antibalaka et de l’autre par les « ex » séléka qui continuent de polluer l’atmosphère au travers des atrocités. Ces gens barricadent où ils veulent et quand ils veulent pour faire régner la terreur comme si on était dans un Etat hors la loi ou une jungle.

Ces bandits doivent savoir qu’après tout ce que le peuple centrafricain a subi, il ne reste plus rien à prendre aux mains des gens si ce n’est une pluie d’exécration et de répugnance.

On veut croire au monde que le centrafricain est violent, aime la guerre… alors qu’il n’aspire qu’à la paix afin de vaquer librement à ses occupations comme au temps d’antan.

On sait tous que les élections dépendent entre autres de la sécurité sur tout le territoire national. Mais avec cette allure de caméléon que prennent le gouvernement de transition et le MINUSCA, la restauration de la sécurité s’annonce ennuyeuse voire périlleuse, dans ce pays où les populations continuent de s’entredéchirer en l’absence des forces armées nationales (FACA).

Pour bon nombre de centrafricains, même s’il y’a des brebis galeuses parmi elle, l’armée centrafricaine (FACA) est la seule force capable de défendre et protéger les personnes vulnérables et de désarmer quiconque si les moyens sont mis à leur disposition. Il serait donc inconcevable de prolonger l’embargo sur les armes en RCA. Même les parlementaires du conseil national de transition (CNT) ne cessent de le déplorer.

Le bilan des événements de ces derniers jours est plus lourd que ce que les médias tant nationaux qu’internationaux voulaient nous faire avaler. Rien que dans la journée du vendredi quand je quittais mon secteur dépourvu d’électricité pendant des jours pour aller recharger mon téléphone dans un quartier qui jouxte la grande route, j’ai vu au moins 7 corps inertes  en partance du cimetière pour l’enterrement : trois dans des véhicules surchargés dont les cercueils étaient piétinés et servaient même de siège pour certains ; deux cercueils sont portés par des braves hommes (gaillards) qui marchaient en courant, accompagnés  d’une dizaine de femmes déjà fatiguées au bout du chemin, mais qui continuent de chanter à l’africaine…

Le lendemain (9 Octobre), j’ai reçu le coup de fil de notre bonne qui m’annonçait le décès de sa tante survenu après avoir été atteinte au ventre par une balle perdue. Il aurait plein de victimes dans ce genre dans les 3e, 4e ,5e et 8e arrondissements de Bangui. C’était vraiment triste, mais cela n’intrigue personne au pays de Boganda car c’est devenu le pain quotidien du centrafricain.

Les autorités de transition doivent peser de tout leur poids pour réclamer à la MINISCA de respecter scrupuleusement les résolutions 21-27 et 21-49 du conseil de sécurité des nations unies ainsi que la levée de l’embargo sur les armes en Centrafrique.

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