7 mars 2018

Les freins à l’autonomie économique et financière de la femme

Chaque année, les femmes du monde entier célèbre ou moins une journée qui leur est dédiée. C’est une occasion de mener des réflexions sur leurs conditions de vie, ce qu’il faudrait faire pour les motiver à contribuer efficacement au développement de leur localité, de leur pays en étant indépendantes sut tous les plans.

Je me penche aujourd’hui plus particulièrement sur la question d’autonomisation économique et financière des femmes en général, et des femmes africaines en particulier. Car cela représente un enjeu crucial pour lutter contre la pauvreté, participer au développement humain et surtout au développement durable.

Il faut souligner que le  principe  d’égalité  entre  les  femmes  et  les hommes  ne  peut  être  respecté que si les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels sont appliqués sans discrimination  entre les sexes.

Je me suis rendu compte lors d’un échange avec un groupe de jeunes de mon quartier (2 Plateaux-Abidjan), que les questions relatives à l’égalité Homme/Femme, ne sont pas bien assimilées. Il convient donc de le rappeler aux ignorants.

L’égalité entre les femmes et les hommes signifie que les comportements, les aspirations et les besoins différents des unes et des autres sont considérés, évalués et favorisés à égalité. Elle ne signifie pas que les femmes et les hommes doivent devenir identiques, mais que leurs droits, leurs responsabilités et leurs chances ne doivent pas dépendre de leur sexe.

La liberté économique et financière des femmes

L’autonomie économique et financière des femmes représente la possibilité pour ces dernières d’avoir accès, au cours de l’ensemble des cycles de leur vie, aux moyens et ressources économiques (emploi, services et revenu suffisant) pour répondre à leurs besoins, ainsi qu’à ceux des personnes dont elles ont la charge. L’autonomie donne la possibilité de faire des choix économiques et d’influencer les structures économiques de nos sociétés. Cela passe absolument par l’éducation des filles/femmes qui constitue un droit fondamental.

Pour faire de véritables progrès en faveur de l’éducation des filles, il faut prendre en compte les raisons spécifiques liées au sexe de la non-scolarisation, de l’absentéisme et de la déscolarisation des filles, etc.

Les entraves à la scolarisation des filles

La pauvreté est un frein à la scolarisation des filles et des garçons mais elle touche beaucoup plus les filles.

L’idée perdure que la scolarisation des filles ne sert à rien et que leur place est à la maison, qu’elles n’ont pas habilité à exercer tel ou tel métier, etc. Les petites filles représentent une source de travail domestique pour les parents (ravitailler en eau, ramasser du bois, garder les plus petits enfants, vendre sur les marchés…).

Je pensais que cela était spécifique aux zones rurales, ma voisine guinéenne m’a prouvé le contraire en pleine capitale, Abidjan. La dame, une commerçante au marché d’Adjamé, élève ses deux petites filles dont l’une est scolarisée au détriment de l’autre. Quand la plus enfile sa tenue scolaire qui la cours en compagnie de ses camarades de classe, sa grande-sœur d’à peu près 13 ans l’admire (il faut se mettre à sa place pour comprendre son émotion et ce qu’elle subit) avant de s’occuper du ménage. Cela m’intrigue!

La vielle est venue me voir un jour avec son téléphone qui avait un problème d’accès à Internet. J’ai profité de l’ambiance conviviale pour attirer son attention quant à la non-scolarisation de sa petite-fille.  La voisine m’a fait comprendre qu’elle avait mis les deux filles à l’école, mais l’autre ne voulait pas étudier, raison pour laquelle, est reste à la maison. J’ai tenté de la ramener à la raison afin, mais c’était peine perdue.

L’école est obligatoire en Côte d’Ivoire jusqu’à l’âge de 16 ans, je ne sais pas comment l’Etat fait pour s’assurer du respect de cette fameuse Loi.

Le coût de la scolarité en Afrique est un facteur discriminant important.

Les familles, quand elles ne peuvent pas payer toutes les scolarités des enfants, préfèrent donner la priorité aux garçons, jugés comme plus rentables selon la plupart, en cas de réussite. Les familles les plus pauvres et les plus exposées à l’insécurité alimentaire ne veulent pas se priver d’une source de revenus ou d’une paire de bras. Tel est généralement le cas en zones rurales.

En Centrafrique par exemple, l’insécurité en milieu rural a un impact négatif sur la scolarisation des filles. A cela s’ajoutent, La puissance de certaines traditions,  les mariages précoces, les grossesses des adolescentes  (qui ont presque toujours pour conséquence l’interruption de la scolarité), sans oublier le manque d’éducation des parents.

Beaucoup de femmes en milieu rural n’ont pas accès au cours d’alphabétisation proposé par l’Etat via un Ministre de tutelle. A mon avis, une femme analphabète ne voit d’inconvénient dans le fait que sa fille l’aide à la maison, dans les travaux champêtres ou encore au marché…du moment où elle arrive à gagner son pain quotidien (même si l’avenir de cette pauvre petite fille est incertain). L’exemple de ma voisine guinéenne en dit long (elle m’a confié n’avoir jamais fréquenté l’école des « blancs » à part l’école coranique à son enfance.

La situation politique et les structures de santé.

Le fléau mondial du VIH/sida et les conflits armés sont des contextes de déstructuration et de déscolarisation massives des enfants qui touchent en majorité les filles : exploitation des filles comme esclave dans les foyers, pour le travail ou le sexe, migration forcée…

L’insécurité. La distance entre le domicile et l’école (parfois plusieurs kilomètres sur des chemins dangereux), le manque d’infrastructures sanitaires (toilettes pour les filles dans les écoles), la violence et le  harcèlement sexuel dans les écoles sont de véritables freins à la scolarisation des filles.

Les femmes sont discriminées à la fois sur le marché du travail et dans leur accès aux revenus ; les pratiques biaisées en matière d’embauche et de salaires signifient que les femmes sont incapables d’obtenir une rémunération équitable; elles peuvent aussi limiter leurs chances d’avancement ; en milieu rural, les femmes âgées vivent plus souvent seules, avec peu de revenu, les mères célibataires, les femmes handicapées et les femmes autochtones présentent un risque accru d’isolement social. Ce  qui les voue à une plus grande vulnérabilité face à la pauvreté.

Il est absolument nécessaire d’opérer un rééquilibrage dans le domaine du travail domestique, afin que les femmes soient en mesure de  mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. Les femmes ne pourront pas véritablement s’investir dans le domaine professionnel si elles continuent de cumuler tant de responsabilités.

Une fille scolarisée est garante de l’avenir meilleur d’une ou plusieurs personnes instruites et surtout bien éduquées.

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