Que reste-t-il du tourisme en Centrafrique?

Article : Que reste-t-il du tourisme en Centrafrique?
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28 octobre 2013

Que reste-t-il du tourisme en Centrafrique?

Un pays enclavé situé en plein cœur de l’Afrique, La République Centrafricaine (RCA), de par la forte insécurité qui y règne, ne tente pas beaucoup de touristes. Pourtant, entre savane et forêt tropicale, se cachent mille merveilles en attente de pouvoir être admirées. La promotion du secteur touristique en Centrafrique est une condition primordiale non seulement pour l’économie du pays, mais aussi pour montrer sa meilleure image à l’extérieur. Oui, c’est possible! Mais comment? que faut-il faire? Pour arriver à cette fin, je vais essayer de vous montrer,certains éléments qui suscitent une vive admiration de ce beau pays sur le plan touristique. A mon avis, l’important n’est pas seulement de les présenter, mais d’étayer les différents maux qui gangrènent ce secteur afin d’en proposer des solutions en tant que citoyen.

Quelques sites touristiques de la République Centrafricaine

Situé à 95 kilomètres de Bangui  la capitale de la RCA, les chutes de Boali constituent un atout touristique majeur. Elles sont également la principale source d’énergie du pays.

Les Chutes de Boali (Crédit photo: aeroportbangui.org)
Les Chutes de Boali (Crédit photo: aeroportbangui.org)

L’attraction touristique la plus célèbre de la RCA, reste sans doute sa faune, considérée comme l’une des plus riches, des plus diversifiées et des plus représentatives de l’Afrique.

A 800 km de Bangui, le Parc national du Manovo-Gounda Saint Floris, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, est l’une des réserves les plus riches d’Afrique. Rhinocéros noirs, éléphants, panthères, lions, girafes, guépards, gazelles à front roux… cohabitent sur un territoire un peu plus grand que la moitié de la Belgique. Les espèces de primates et d’oiseaux y sont nombreuses et la mare de Gata, dans le secteur nord-est accueille la plus grande concentration d’hippopotames au monde. D’autres réserves se trouvent dans le nord du pays principalement celles de Bamingui-Bangoran.

Crédit photo: photos-afrique.fr (Hippopotames)
Hippopotames (Crédit photo: photos-afrique.fr)

Qu’en est-il des problèmes? 

J’ai posé la question sur les problèmes qui freinent le bon fonctionnement de ce secteur à un cadre de l’une des Sociétés touristiques de la place dont je m’abstiens à donner le nom. Voici l’intégralité de sa réponse.

D’après monsieur Cyrille D : « Suite aux récents événements survenus dans le pays le secteur du tourisme se trouve dans une situation particulièrement délicate. Les sociétés touristiques investissent depuis toujours (achats de véhicules, construction de camps de luxe en dur pour la clientèle et le personnel, achat de générateurs etc…) dans le but de développer ce secteur en RCA.

A travers les amodiations, les taxes d’abattages et les emplois fournis aux populations locales, la présence de ces sociétés sur le terrain (parcs nationaux) a un impact très significatif sur l’économie du pays. Mais courant Décembre 2012 jusqu’à ce jour, les installations de nos camps  ont été vandalisées et pillées voire détruites suite à ces derniers événements.

Je désire aussi profiter de ce courrier pour te faire part de problèmes récurrents qui entravent de plus en plus notre activité, et qui, s’ils ne sont pas traités rapidement entraîneront la disparition du tourisme en RCA.

–  Le premier point n’est pas nouveau, puisque voila près de 30 ans que les braconniers soudanais ont commencé à envahir le pays. Au fil des années ils ont progressé et sont maintenant actifs sur les 3/4 du territoire national. Lourdement armés, ils ont contribué à la diminution du nombre d’éléphants, léopards, lions, buffles et autres sur près de la moitié de la RCA. En terrorisant les populations et en entravant le développement économique du pays, ces bandes armées colonisent petit à petit le pays à cause de l’insécurité.

un petit groupe d'éléphants (Crédit photo: 123.rf.com)
un petit groupe d’éléphants (Crédit photo: 123.rf.com)
Des éléphants abattus par les braconniers en Centrafrique. (Crédit photo: journalDeBangui.com)
Des éléphants abattus par les braconniers. (Crédit photo: journalDeBangui.com)
Les braconniers abattent les éléphants juste pour s'approprier des ces Ivoires. (Crédit photo: sauvegardedefaunesauvage.fr)
Les braconniers abattent les éléphants juste pour s’approprier des ces Ivoires. (Crédit photo: sauvegardedefaunesauvage.fr)

– Le deuxième point n’est pas nouveau non plus, mais prend des proportions très préoccupantes. Ajoute toujours M. Cyrille. Les éleveurs peuls s’installent sur les zones de chasse amodiées faisant fi de toutes les lois en vigueur relatives aux couloirs de transhumances. Ces éleveurs ont troqué leurs arcs traditionnels pour des armes automatiques (Kalachnikov, RPG pistolet …) . De plus, ils sont forts et agressifs en ce moment, ce qui engendre un climat d’insécurité croissant dans les parcs.

– Le troisième point, depuis quelques années, prend des proportions inadmissibles et dévastatrices. Le braconnage local devient une activité économique à part entière, ceci au détriment des acteurs économiques impliqués dans le tourisme cynégétique mais surtout au détriment de la population locale qui tire son épingle du jeu. Cette dernière, est à la solde de quelques bandits armés, venant piller nos zones en instaurant un braconnage devenu pratiquement industriel…

Dans ces conditions, tu comprends aisément que la saison cynégétique ne pourra pas se dérouler convenablement. Tout cela a conduit à la mise en chômage pure et simple du personnel de ce secteur parce qu’aucun touriste ne peut oser s’aventurer dans ce pays qui reste encore très instable où l’autorité de l’État ne se limite qu’à Bangui (bref).

Pour l’instant, les sociétés du tourisme sont prêtes à reprendre leurs activités, mais vu les pertes subies, nous ne pourrons le faire qu’avec l’aide des autorités. Pour compenser partiellement ces pertes, nous envisageons ( les sociétés du tourisme) une exonération de plusieurs années pour toutes les taxes liées à nos activités (amodiation, taxes d’abattages) et l’instauration de la sécurité sur toute l’étendue du territoire afin de garantir la quiétude de nos clients ( Touristes). » Cyrille D.

Espérons qu’avec l’implication de l’opinion internationale dans la restauration totale de la sécurité en Centrafrique, va permettre aux autorités de démanteler les réseaux de trafiquants afin de faciliter la relance du tourisme l’un des pilier de l’économie du pays.

 

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Commentaires

Odilon Doundembi
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Merci beaucoup d'être passé ici et pour la contribution.
Je tâcherais de revenir dessus dans un autre billet car le problème reste d'actualité...

Dacko Maliavo
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Je suis vraiment impressionné par votre apport tant positif et encourageant. Mais pourquoi ne pas mettre l'accent sur le tourisme du coté culturel si bien que les cites touristiques que nous disposons sont dans l'insécurité?

Baba MAHAMAT
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Bel article, courage dans cette voie frangin
Baba