Odilon Doundembi

Administration centrafricaine en décadence

Depuis mon retour au bercail pour ne pas dire en enfer, j’ai vécu des situations tant dramatiques qu’administrativement incorrectes. Je me permets de vous parler exclusivement dans ce billet, de la Société de Distribution d’eau en Centrafrique (SODECA) et de l’Energie Centrafricaine (ENERCA).

J’ai été à la SODECA pour le règlement de notre facture d’eau, grande est la surprise de constater que la salle abritant le bureau du service clientèle de cette société est inondée. Ce n’est pas parce qu’on y produit et distribue l’eau courante à la population Banguissoise pour ne pas dire Centrafricaine que cet édifice est bourré d’eau. Que s’est il passé? Un personnel après s’être soulagé aux toilettes du bureau, a oublié de fermer le robinet d’eau car il en avait pas (coupure d’eau ). Vous comprenez ma surprise, je pense. En tout cas, c’est ma première fois de constater qu’il y a aussi coupure d’eau à la SODECA. Je pensais que cette dernière disposait d’un moyen de secours permettant de faire face à la coupure d’eau, ne fut-ce que pour son personnel puisqu’elle ne se soucie pas trop des autres. Mais ici, l’adage qui dit  » la charité bien ordonné commence par soi-même » n’est pas du tout respecté.

Les techniciens de surface ont passé plus d’une heure à exfiltrer l’eau du bureau pendant que le personnel arrivant avec plus de 30 minutes de retard reste pénard pour certains, d’autres grandes dames en profitent pour prendre leur petit déjeuner. Je me suis posé des questions sur le sort de leurs maris à la maison (si elles en ont bien sûr) sans parler des enfants. Chez nous en Afrique, c’est la femme qui s’occupe du mari le matin avant d’aller au travail…Bref! J’ai vraiment eu ma dose.

Quand je raconte l’histoire à mon frère, il me dit: « frangin, vas-y comprendre. C’est la réalité du pays même si ce n’est pas le comportement de tous les centrafricains ».

Quant à l’Energie Centrafricaine (ENERCA), elle est la sœur jumelle de la SODECA qui toutes les deux brillent par  des séries de coupure.

J’ai eu un échange nourrissant avec notre domestique sur les questions de délestage et de coupure d’eau. Elle m’a fait savoir qu’il n y a pas d’eau courante dans son coin et les gens ne puisent que l’eau de la fontaine appelé communément « Dô mon nyô ». Pour l »électricité,  n’en parlons pas. Elle y existe que de nom. Le courant vient chez nous le jour à partir de 15 heures pour couper vers 17 heures et le soir  à 23 h ou minuit à 5 h du matin. Dit-elle.

Certains secteurs ne sont pas délaissés juste parce qu’un dignitaire du régime ou un cadre de l’Enerca y habitent. On s’en fout et s’en foudra pas mal des autres. Voici une anecdote: Quand Djotodia était au pouvoir, l’une de ses multitudes de maîtresses habite Bimbo et il y’avait l’électricité 24 h/24. Après la chute du régime Séléka, les choses sont redevenues à la normale. Je voulais dire par là que la coupure de courant refait surface.

De nombreux quartiers galèrent surtout pendant cette période de coupe du monde. La plupart des gens regarde le mondial dans les ciné vidéos (moyennant 100 francs cfa par match) dotés de groupes électrogènes.

Ceux qui  ont des convertisseurs chez eux suivent les matches sans crainte. Ils veulent bien aider les voisin et l’entourage, mais ils ne peuvent pas compte tenu de l’insécurité qui continue de sévir. On a peur des inconnus sous peine d’être agressés ou braqués au terme d’un match car on ne sait plus qui est qui. Tout peut arriver, même une simple discussion peut aboutir à un drame.

Bon, je n’en dirais pas plus.


Quelle place occupent les cours particuliers dans le cursus scolaire ?

Dans le cadre de la préparation de l’examen de la langue française, (Diplôme Approfondi de Langue Française, DALF ) que j’avais suivie, j’ai eu à étudier tant de documents littéraires, journalistiques et scientifiques. Un texte portant sur les cours particuliers a retenu mon attention. Pour ce faire, je le partage avec vous, chers lecteurs en vous interpellant à travers ce billet sur l’importance, la raison d’être et surtout les avantages qu’offre l’essor de ces enseignements aussi bien aux élèves qu’à leurs parents.

Compte tenu de l’effectif des élèves en classe, de la qualité des enseignements, de la disponibilité des professeurs et de la quête de l’excellence, le développement des cours spéciaux s’annonce comme un énorme atout pour les enfants. Cet essor est important dans le sens où ces cours permettent aux élèves de combler leurs  lacunes en reprenant de façon individuelle ce qui a été abordé en classe dont certains détails ou explications peuvent leur échapper. Un élève qui a suivi des enseignements particuliers a un plus sur celui qui n’en a pas fait. Ces cours augmentent également la chance de réussite des élèves aux examens et les rendent excellents et compétitifs à l’école.

L’inconvénient  de cet essor est le coût des formations car pour que les enfants deviennent meilleurs, leurs parents doivent investir davantage financièrement. En outre, le développement des cours particuliers est en défaveur des élèves dont les parents sont moins nantis ou démunis.

A la lumière de tout ce qui précède, le développement des enseignements particuliers a un impact significatif dans l’éducation des enfants. Les parents ont intérêt à se battre afin de répondre aux exigences des cours particuliers, s’ils veulent non seulement la réussite de leurs enfants, mais aussi l’excellence. A mon humble avis, les cours spéciaux sont complémentaires à ceux dispensés à l’école ou au collège.                      .


Une course poursuite à Bangui

Dans la journée de mardi 22 Avril à Bangui, au niveau de la route qui sépare l’université de Bangui au « stade 20.000 places  » a eu lieu une course poursuite entre un conducteur de taxi et les gendarmes centrafricains.

Les gendarmes, après avoir su que le chauffeur possède une arme (Kalachnikov) sous son siège, demandent au gars de s’arrêter, mais ce dernier a refusé d’obtempérer. Ces pandores se lancent alors à sa poursuite depuis le centre ville jusqu’à l’université de Bangui. Ils ont ont abimé les roux du véhicules par des tirs d’armes et l’un des clients qui se trouvent à bord  du taxi est à la jambe.

Le taximan, ne pouvant plus rouler est sorti du véhicule  pour s’éclipser au milieu des étudiants. Il est parti se cacher dans les toilettes de la Faculté de Sciences Économiques et de Gestion (FASEG). Les forces de l’ordre ont fait de même en descendant de leur pick-up pour le poursuivre à pieds avant de l’attraper ainsi que son arme.

En passant les gendarmes ont donné un coup de gifle à une étudiante qui selon eux, est complice du fugitif car elle aurait refusé de montrer là où il s‘est caché.

Ainsi va Bangui…


Journée Mondiale des Filles dans les TIC au Sénégal

 1779744_601218646629612_1475860153_n

L’Union Internationale des Télécommunications (UIT) commémore avec tous ses pays membres une journée dite  « Journée Internationale des Filles dans les TIC, appelée JIFTIC ».  Elle invite et encourage les Ministères de la communication et de l’éducation, les autorités nationales de réglementation, les entreprises du secteur privé, les établissements universitaires et les ONG à organiser au niveau local ou national des événements consacrés à la JIFTIC.

Ces manifestations ont pour but d’inviter les adolescentes et les étudiantes à passer une journée dans les environnements des TIC  pour leur permettre de mieux se rendre compte des perspectives d’avenir que leur offrent ces technologies.

images

Le Sénégal n’est pas resté en marge de cet évènement où il tend à sa troisième édition. L’activité phare de cette journée est le concours « Jigeen ci TIC » en français « La femme dans les TIC », a soutenu la cofondatrice de Jigeen Tech Hub, Binta Coudy Dé rappelant ainsi l’objectif de cette activité.

Le slogan de la JIFTIC 2014 est: « Fille, choisis les TIC et assure ton avenir« 

Du 16 Avril au 31 Mai 2014, la JIFTIC est un ensemble d’événements composés :

  • du concours pour primer les meilleurs  projets TIC pour répondre aux besoins de la société et des femmes.
  • des journées portes ouvertes  dans les entreprises sénégalaises  dans les TIC, les organes de l’Etat, les universités par des témoignages des femmes cadres et hauts-cadres dans ces entreprises.
  • de  la caravane Jiggen Ci TIC pour amplifier les témoignages  des femmes cadres ou hauts-cadres dans les TIC et connecter les jeunes  filles à l’écosystème des TIC.
  • des sessions techniques de formations, de  partages de connaissances et de renforcement de capacités.
  • des panels présentés  par les universitaires et le marché de l’économie numérique au Sénégal afin de mieux préparer les ressources  humaines féminines dans leur choix et leur vocation à travers les TIC.
  • une exposition sur les métiers et le quotidien des professionnels du numérique  pour montrer les arguments économiques indéniables en faveur de l’embauche des jeunes filles en plus grand nombre.
Photos: Google.com/imageconcours-jigeen-tic

Espérons que les autres pays africains vont suivre cet exemple.


Centrafrique : mon retour en « enfer »

Après avoir passé quelques années universitaires au Sénégal, j’avais décidé de rebrousser chemin, car non seulement mon passeport a expiré, mais  mon pays ne dispose pas d’ambassade, ni quoi que ce qui sert de représentation diplomatique au Sénégal. Donc il fallait que je rentre pour me procurer du passeport biométrique. J’avais quitté Bangui quand il n’y en avait pas. J’espère que vous avez compris au moins pourquoi je suis rentré en Centrafrique, mon pays, surtout ceux qui seront surpris de le savoir.

J’ai embarqué à l’aéroport Léopold Sendar Senghor le vendredi 28 à 6 heures du matin à bord de Royal Air Maroc. Arrivé à Casablanca vers 9 h 40 pour continuer le vol à vol à 22 h 40, je me suis pointé au service de transit où on devait m’enregistrer avant de me donner le reçu permettant l’accès à l’hôtel et un ticket pour la restauration.  C’est parti pour une escale de 13 heures chrono à Casa.

Il fallait faire face aux fameux questionnaires du service de transit :

Bonjour, je suis en transit sur Bangui.

Bonjour, donnez-moi votre passeport.

Je n’ai pas de passeport, mais plutôt un sauf-conduit.

Un monsieur en costard chargé de vérifier et enregistrer les voyageurs, a pris le papier en me  lançant un regard dédaigneux  avant de demander ma nationalité qui est mentionnée sur le papier qu’il faisait semblant de lire.

J’ai répondu poliment à la question du gars.

Le monsieur a l’air ébloui et me dit : « Pourquoi  tu pars à Bangui  »

Je rentre chez moi ! Bon là, je commence à en avoir marre de son interrogatoire !

Après quelques minutes de silences, le gars persiste, mais cette fois en anglais, « where are you come from »

J’étais étonné de voir le monsieur s’exprimer subitement en anglais. Était-ce pour m’épater ? A lui seul de répondre!  Je lui dis : pardon ?

Il répète la même question « where are you come from »

Là je me suis dit que le gars me prenait pour un Sud-Africain comme ce fut le cas à Dakar.

I come from Dakar. (J’ai quand même fait le banc…)

J’étais dans le même pétrin avec une compatriote, une jeune mère qui rentrait aussi sur Bangui.

Le monsieur après plus de 30 minutes de tractations avec son chef, est enfin revenu avec un reçu pour la chambre et deux tickets pour la bouffe. Comment peut-on mettre dans la même chambre deux personnes de sexe opposé qui de surcroît ne sont pas en couple ? Bon, c’est cela où rien, c’est-à-dire soit on se met à deux dans la chambre (sans compter le bébé), soit j’attends en salle d’embarquement durant les 13 heures d’escale. Avec les 10°c qui m’attendent au dehors, j’ai jugé mieux de rester même à trois dans la chambre que d’aller choper le rhume.

On a finalement quitté Casa vers 22 h 40 en passant par Douala où on a fait une autre escale de 45 minutes avant d’arriver à Bangui, à 7 h 30.

L’atterrissage a été un moment très émouvant pour moi. Tu vois des milliers de gens entassés dans des petites maisons de fortune qui jouxtent la piste de l’aéroport Bangui M’Poko. Ces maisons servant de refuges aux personnes déplacées sont appelées communément Ledger (Le Ledger Plazza est le nom d’un hôtel 5 étoiles de Bangui).

Après avoir pris mes bagages, il faut passer par la douane  pour le contrôle de routine. Une douanière me demande juste d’où je viens; Qu’est-ce que j’ai amené comme bagages…

J’étais au Sénégal pour les études, j’ai fini et me voilà de retour au pays.

Elle me dit ok, mais on fait comment ? Tu n’as pas apporté d’ordinateur ?

Je lui dis : si, j’en ai un avec lequel je travaille.

Elle avait le sentiment de perdre son temps avec moi, m’a dit de libérer le plancher afin qu’elle puisse continuer son travail.

Dehors, m’attendent  mon frère et un ami. J’ai demandé à mes frères par quel chemin doit-on passer. Ils sourient et me disent qu’on va passer par Combattant (quartier le plus proche de l’aéroport) avant d’arriver à Benz-vi (mon quartier). L’état de routes reste à désirer, mais vu la gravité de la situation, plus rien ne m’étonne. D’ailleurs on n’a jamais eu de bonnes routes depuis la chute de Bokassa.

Je vois des jeunes gens avec le corps garni de gris-gris, des machettes en mains pour certains et de vraies armes de guerre ou armes traditionnelles pour les autres. Ce sont des ATB (Anti-Balaka).

Ces ATB circulent sans gêne dans le nord de Bangui, même au bord des routes où les forces africaines de la Misca et les soldats français de la Sangaris font leur bonhomme de chemin tranquillement.

Mon baptême de feu à Bangui

Arrivé à la maison, j’étais très ravi de retrouver la famille et on a commencé à échanger quand subitement des crépitements d’armes retentissent. On dit que c’est un Faca qui vient d’abattre un élément de la sécurité de l’ancien ministre des Sports (sous le régime Seleka) à Sica, un quartier voisin du mien… Hum, j’avais le cœur qui battait très fort même. C’était mon baptême de feu. Toute la famille me dit voilà l’état de la situation dans laquelle vivent les Centrafricains.

Dans l’après-midi j’ai eu la malchance de me rendre au nord de Bangui où résident mon père et ma mère. On ne sait pas vu depuis  un bout de temps … Quelques minutes après mon arrivée dans les le coin, ça  a commencé  à tirer de partout. Certains témoins  nous disent que des soldats tchadiens ont tiré sur les gens, faisant plusieurs victimes et des blessés graves…Chacun fait le bilan de la situation à sa façon.

Le lendemain pour rentrer à la maison, c’est encore un autre problème. Il n’y a pratiquement plus de véhicules de transport en commun. Seuls les taxis-motos font le maximum du boulot. Ces motos peuvent prendre jusqu’à quatre personnes voire cinq c’est selon la taille des clients qui grimpent dessus. J’ai même vu deux porteurs de tenue monter à bord derrière un civil. Franchement c’est un désordre total dans la capitale. J’imagine ce qui se passe dans nos provinces… Cela confirme l’anarchie qui règne en Centrafrique depuis plus d’un an maintenant. Chacun est libre de frapper, tuer qui il veut et quand il veut sans inquiétude. Certains quartiers proches de KM5 sont pratiquent à plat après les séries de pillages de ces derniers temps. Je vois des gens en train  d’arracher le reste des briques qui servaient de clôture des maisons déjà pillées…

Bangui reste toujours dans la merde même si certains secteurs comme les 1er, 2e et une partie du 5e arrondissement restent conviviaux. Il y a toujours des gens  dans les buvettes qui sont au long des routes comme à l’accoutumée.

Bref, la tension s’est largement apaisé, mais il reste à gérer la délinquance, le braquage, le plus important reste le désarmement total du 3e arrondissement précisément celui du KM5 pour ce qui est de Bangui. Le réarmement des Faca serait un atout pour le rétablissement de la sécurité dans le pays. Les forces étrangères que je vois circuler armées jusqu’aux dents ne font pas grand-chose pour la stabilité du pays. Elles interviennent juste pour réagir à une attaque, ou un braquage. D’ailleurs, ces forces sont là parce qu’elles ont leurs rations  au quotidien, des rations qu’elles vendent aux gens au lieu de se nourrir. Au lieu de bien remplir leur vraie mission, elles préfèrent s’enrichir sur le dos des pauvres centrafricains pendant que ces derniers (musulmans comme chrétiens) meurent. Cette crise n’est bénéfique qu’aux étrangers qui interviennent ici et à leurs pays respectifs.

Ban Ki-moun a bel et bien constaté et vécu la gravité de cette crise lors de son dernier passage à Bangui avant de se rendre à Kigali pour commémorer le 20e anniversaire du génocide rwandais. J’espère que l’ONU va accélérer l’envoi de ses troupes en Centrafrique et que Madame la présidente Samba Panza songe enfin à réarmer nos vrais soldats qui selon moi, s’ils sont bien équipés et bien dirigés pourront garantir la sécurité et l’intégrité du pays.

A mes amis qui s’inquiètent pour moi, rassurez-vous, là ou j’habite tout est « calme ». Les Centrafricains continuent de vivre malgré tout par la grâce divine.